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La "mare aux canards" à Noyon : un nouvel éclairage sur les très grandes villae gallo-romaines de plan régulier en Gaule du Nord, (Supplément n°39 à la RAP), 2023, 504 p. - Revue Archéologique de Picardie - Numéro spécial
L'Inrap conduit depuis 2008 le plus grand chantier archéologique actuellement entrepris en Europe sur le tracé du canal Seine-Nord Europe. La villa romaine de "La Mare aux Canards", a été fouillée à l'emplacement d'une future écluse, à Noyon, entre juin 2011 et juin 2012. Il s'agit de l'un des sites les plus remarquables découverts sur le tracé du canal : sa superficie estimée à 12 ha au moins la place parmi les plus vastes villae connues sur le territoire des Gaules. Certains de ses caractères la rapprochent plutôt des établissements à caractère urbain ou périurbain que des exploitations agro-pastorales. La fouille a concerné 6 ha de la pars rustica, correspondant vraisemblablement à la partie médiane de l'ensemble. Située à l'ouest, en dehors de l'emprise des travaux, la pars urbana d'une superficie de 2 ha est connue par des photographies aériennes d'une grande netteté, des images satellitaires et des prospections géophysiques ainsi que par un diagnostic partiel réalisé en 2015.
Localisée probablement en périphérie de la cité des Viromanduens, la villa de "La Mare aux Canards" est implantée à moins d'un kilomètre au sud-ouest d'une importante voie romaine et de l'agglomération secondaire de Noyon-Noviomagus.
Il s'agit vraisemblablement d'une création ex nihilo, datée de l'une ou l'autre des deux dernières décennies avant notre ère. Dans son premier état, entre c.20/10 av. J.-C. et 60/70 ap. J.-C., le plan de la pars rustica se caractérise par deux alignements de bâtiments sur poteaux similaires établis en arrière de deux galeries bordant au nord et au sud une large cour centrale. Ces bâtiments se répartissent à intervalles réguliers en relatif vis-à-vis de part et d'autre de la cour et intègrent chacun une parcelle en lanière à l'arrière. D'autres bâtiments, aux plans plus singuliers, sont implantés dans ces parcelles. L'ensemble s'inscrit dans de très vastes enclos fossoyés périphériques, éloignés d'une quarantaine de mètres des lignes de bâtiments.
Une importante phase de démantèlement précède la reconstruction de la villa, dans les années 70. Les réaménagements conservent cependant l'organisation initiale de la villa, des constructions maçonnées se superposant aux constructions sur poteaux. La pars rustica est toujours structurée autour d'une grande cour centrale rectangulaire, mais désormais bordée par deux alignements de bâtiments maçonnés, séparés de la cour par un mur de clôture. Les limites de l'établissement, autrefois marquées par de grands enclos périphériques désormais comblés, sont inconnues. De manière assez exceptionnelle, la pars rustica de la villa de Noyon se dote à cette période de deux édifices cultuels : l'un, situé au sud-ouest, est associé à un espace clos interprété comme jardin ou bosquet cultuel. L'autre est situé dans l'axe de la cour, face à la pars urbana.
La plupart des bâtiments et autres structures de la pars rustica semble abandonnée après le milieu du IIe siècle et, cela, jusqu'au IVe siècle. Une occupation discrète est perceptible à cette époque avant un démantèlement systématique, confirmée par la présence de trois tombes à inhumation.
L'absence de marqueur d'une quelconque activité agricole dans la partie explorée constitue l'une des particularités les plus remarquables de la villa de "La Mare aux Canards". Toutes périodes confondues, les bâtiments identifiés semblent correspondre à des bâtiments d'habitation plutôt qu'à des bâtiments d'exploitation et se distinguent particulièrement durant la deuxième période d'occupation par la qualité de leur architecture et de leurs équipements. Le caractère urbain, voire aristocratique, de la première occupation de la villa, illustré par de nombreuses importations de produits « de prestige », est un autre point remarquable qui ne trouve guère de comparaison en milieu rural.
Référence : 56280.
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55,00 €
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