La politique des gaulois. Vie politique et institutions en gaule chevelue (IIème siècle avant notre ère - 70), 2017, 439 P. -

L'historiographie récente se plaît souvent à voir dans la Gaule décrite par César une création du conquérant à des fins de politique romaine, un espace sans réalité indigène, dénué de toute unité, déchiré entre des peuples antagonistes. Loin de cette vision, le présent ouvrage montre que la Gaule préexiste au regard romain et qu'il s'agit d'un espace politique cohérent, doté de pratiques politiques communes : des assemblées à différents niveaux, la reconnaissance d'un peuple hégémonique, des coalitions générales sous l'autorité d'un chef de guerre, dont Vercingétorix est le dernier représentant. La conquête réalisée, ces pratiques fournirent une partie du socle administratif de la Gaule romaine. Ainsi l'entité gauloise fut pérennisée par le culte du Confluent qui ignore la tripartition provinciale et obéit en partie à des critères hérités de l'Indépendance. Quant aux institutions des peuples gaulois, elles sont trop souvent, par une abusive généralisation, alignées sur celle des Éduens élevées au rang de modèle unique. Ce livre les aborde au contraire comme autant d'entités propres révélant, par-delà leurs convergences, leur diversité. Le découpage provincial et la mutation civique réalisée en 16-13 ap. n-è., tout en poussant à plus d'homogénéisation institutionnelle, ne mettent pas un terme à cette diversité, et l'on observe des schémas et des rythmes différents dans l'adaptation aux normes importées d'Italie. La Gaule et ses peuples retrouvent ici une épaisseur politique que des pesanteurs historiographiques avaient largement contribué à occulter.