Sur la route Hannibal, 2017, 302 p. -

La Route Napoléon figure sur toutes les cartes touristiques. La non moins fameuse Route Hannibal des Pyrénées à la plaine padane en passant à travers les Alpes, parcourue en 218 avant J.C. par la plus grande expédition militaire entreprise après celle d'Alexandre, escortée de ses célèbres éléphants, doit aussi désormais y être représentée, au titre des grands itinéraires historiques. L'historien romain Tite Live s'étonnait déjà en l'an 10 avant JC – à savoir 208 ans plus tard – « qu'on discutât encore du col par lequel l'armée punique franchit les Alpes et que l'on croit que ce fût par le col de Cremona ! »... La controverse perdure encore 2235 ans après, avec plusieurs centaines de publications à ce sujet. Cela tient au fait fondamental que le rapporteur initial qu'est l'historien grec POLYBE mentionnait, aux environs de l'an -148, c'est à dire 70 ans après – que cette route passait « parmi les Gaulois appelés allobriges ». La majorité des exégètes modernes s'est basée sur l'invention obstinée par une certaine école universitaire du siècle passé, d'une mythique Allobrogie au nord de l'Isère : ce qui a conduit bon nombre d'archéologues et historiens, au demeurant fort éminents, à se fourvoyer sur de fausses pistes, voire à déclarer l'énigme insoluble. Or l'exacte signification de l'adjectif « allobriges » est « ceux de l'autre côté des cimes des monts », c'est à dire d'une manière syncrétique « les transalpins ». Cette nouvelle perspective sur les allobriges remet en question tous les itinéraires qui ont dérivé sur le continent. La citation subsidiaire de la Durance par Tite-Live ne vient-elle pas privilégier la voie durantienne ? Révélant ainsi – une bonne fois pour toutes – la véritable Route Hannibal sur le droit chemin de l'antique voie d'Héraklès ? Ce demi-dieu n'était-il pas en effet le protecteur de la famille barcide ? Hannibal ne lui avait-il pas voué son entreprise à Gadès avant son départ ? Réitérer le trajet par cette route depuis les Pyrénées est occasion à la resituer dans son contexte non seulement historique, circonstanciel, ethnologique et culturel, mais aussi dans son environnement paléogéographique au deuxième âge du Fer.