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Topographie du sacré. L'emprise religieuse sur l'espace, 2008, 258 p. -
L'espace a, de tout temps, été un enjeu de pouvoir et notamment de pouvoir religieux. Les religions (et, dans une certaine mesure, l'ensemble des idéologies) ont donc le souci de maîtriser l'espace comme le temps et tentent généralement d'imposer leur marque dans la sphère publique. Les marqueurs occupent des points fixes privilégiés qui leur assurent une grande visibilité. Les archéologues qui fouillent les rives de la Méditerranée savent bien que, sous les églises chrétiennes, on trouve fréquemment les restes d'un temple grec ou romain et sous ce dernier, parfois, les vestiges d'un culte plus ancien. Les Phéniciens comme les Ibères ont installé leurs temples à des points stratégiques ; ils les ont volontiers construits sur une hauteur, un promontoire, des gradins. Classiquement, ces lieux référentiels ont eu (et ont parfois encore) un statut exceptionnel : lieux de pèlerinage, sites d'une statue ou d'une relique. Chaque changement de religion s'est rapidement marqué dans l'espace par des signes extérieurs clairement intelligibles. Aux manifestations visibles de la religion précédente se substituent ceux de la nouvelle. Ou, pour le dire autrement, les espaces sacrés se voient réappropriés par le nouveau culte, qui démolit ou réutilise les lieux de cultes antérieurs en leur imposant un nouveau marquage, dont les croix superposées aux minarets sont un exemple simple et frappant. De surcroît, des sanctuaires de frontières peuvent délimiter un territoire et affirmer l'identité d'une communauté. Le caractère sacré de l'espace entraîne l'érection du lieu de culte, visible de loin. Ainsi une apparition de la Vierge ou d'un saint demande un sanctuaire, mais son installation doit être légitimée par de nouveaux «signes». Aujourd'hui encore, ces marquages religieux sont légion.
Référence : 46461.
Français
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