La Gigantomachie de Lousonna-Vidy suivie de considérations sur la transmission du motif de l'anguipède, (Lousonna 10), (CAR 106), 2007, 200 p. -

Resté depuis 1936 dans les dépôts du Musée romain de Lausanne-Vidy, par les prestigieuses parallèles dont il s'inspire, cet ensemble de sculptures dans la plus pure tradition hellénistique a permis, s'il le fallait encore, de confirmer les rapports étroit qui existèrent entre Rome et la localité lémanique. La défaire des géants serpentiformes de la mythologie classique qui avaient osé défier Jupiter a été représentée ici en l'honneur de l'empereur, restaurateur de l'ordre et garant du bien-être de ses sujets. Au milieu de la localité, près du temple et de la basilique, ce monument démontre les liens privilégiés entretenus avec le centre du pouvoir, non seulement commerciaux ou politiques, mais aussi culturels et religieux. Son démantèlement coïncide avec les débuts de la christianisation de nos contrées, il permet de formuler de fascinantes hypothèses et d'explorer une période peu connue. Située à proximité d'un important axe de communication, la bourgade dut bien vite subir l'influence des communautés religieuses qui s'étaient développées autour des évêchés de Genève et de Martigny. Après une éclipse momentanée, les géants réapparaîtront sous des traits parfaitement normaux à la Renaissance, objets d'une récupération politique qui ne va pas sans rappeler l'emploi qui en avait été fait à Vidy près de mille ans plus tôt. Le motif va susciter l'intérêt des artistes les plus divers : peintres et graveurs, mais aussi poètes qui, par la suite, mettront ce motif au service des rois de France. Ingres, qui les avait reconnus sur les plus beaux monuments de l'Antiquité, leur rendra enfin leur aspect monstrueux au début du 19e s. Utilisés tour à tour comme allégorie de la subversion, de l'ignorance ou de l'impiété, les géants symbolisent aussi la vanité de l'homme quand il se met en tête d'influencer le cours naturel des événements.