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A soi même. (Traduction du grec ancien, notes et préface de P. Maréchaux). 2003. -
Les Pensées « A soi-même » de Marc Aurèle représentent l'unique témoignage d'un empereur romain qui, au cours de ses dix-neuf années de règne (de 161 à 180 après notre ère) s'est quotidiennement adonné à la pratique de la philosophie. A la lettre, ces écrits souvent brefs et incisifs étaient des exercices spirituels en forme, tantôt de notes de lectures, tantôt de préceptes destinés à soutenir et à aiguillonner l'action quotidienne. Marc Aurèle eut à cœur, comme l'avait fait son maître Épictète, d'humaniser le stoïcisme classique, de le sortir de la logique où il s'enfermait et de le confronter à l'action morale. Toute sa philosophie tendit vers ce but : retrouver derrière l'homme problématique que tiraille le conflit des affects et des devoirs, une raison individuelle réconciliée avec la Raison Universelle. Car, à l'instar de ses maîtres anciens, Zénon ou Chrysippe, les fondateurs de la secte stoïcienne, l'empereur croyait que l'homme participe de la même volonté qui gouverne le cosmos et doit vouloir sincèrement la destinée qu'une Providence intelligente lui réserve sur le point aveugle qu'il occupe. Aimer son destin, quel qu'il fût, était là une grande leçon. Pour y parvenir, le progressant s'encourageait lui-même à fuir les jugements de valeur, à ne pas se laisser troubler par le réel, à éradiquer la cohorte des fausses impressions qui envahissent l'âme, bref à se bâtir une forteresse intérieure. Ce contrôle permanent mis au service des actes appropriés ne risquait-il pas de faire du retiré un ascète solitaire ? Non pas, car le stoïcisme était une philosophie altruiste. Marc Aurèle qui fut juge des causes humaines, était un homme indulgent et bon. Pessimiste, il regardait les apparences des choses avec une acuité déconstructionniste : la pourpre n'était plus à ses yeux que du poil de chèvre et le coït un frottement de muqueuses. Pourtant s'il regardait le réel avec cette indifférence des gens blasés par de faux apprêts, il aimait l'humanité ; il savait que les hommes se trompent, persistent et signent dans leurs erreurs ; et il comprenait malgré tout que c'était là une raison supplémentaire de les aimer.
Référence : 26171.
French
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