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Hiérarchie et stratification sociale dans l'Occident médiéval (400-1100), 2009, 392 p. -

Si la notion d'« ordre (s) » est familière aux historiens du Moyen Âge, il est loin d'en être de même pour celle de « hiérarchie ». Au reste, le terme n'a pas bonne presse chez les chercheurs en sciences humaines et sociales, qui s'en méfient pour ses relents d'Ancien Régime et préfèrent souvent parler de « stratifications sociales », comme si choisir, distinguer, hiérarchiser les valeurs n'étaient pas dans les mondes du passé comme dans celui d'aujourd'hui à la base même de l'action sociale. D'origine grecque – hieros (sacré) et archos (fondement, commencement, commandement) – le terme « hiérarchie » est d'un emploi longtemps rare dans la latinité. Les concordances automatisées du latin permettent de savoir avec précision que le succès lexical de hierarchia n'est pas antérieur au tournant des années 800 et qu'il dépend directement de la traduction depuis le grec des écrits du Pseudo-Denys l'Aréopagite, spécialement la Hiérarchie céleste et la Hiérarchie ecclésiastique. Concomitance intéressante, l'adoption généralisée du terme hiérarchie dans l'Occident médiéval, entre le ixe et le xie siècle, est contemporaine d'une conception de la société rapportée à l'harmonie du cosmos qui fait du monde des hommes un reflet de l'ordonnancement voulu par Dieu – un ordonnancement propre à confondre ecclésial et social ou, dit autrement, à faire d'Église et société deux termes coextensifs. Dans cette logique, puisqu'il ne saurait y avoir de critère laïque d'appartenance aux groupes sociaux, le concept de hiérarchie permet au médiéviste de rendre compte de l'ensemble des processus d'organisation d'une société stratifiée parce qu'aspirée vers le divin. Il permet autant de décrire un jeu de places que de saisir la dynamique de processus à l'œuvre dans la grande fabrique du social.
Référence : 38099. Français
76,50 €
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